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Le Lion

 

Le Lion a un sens inné du spectacle, de la mise en scène et de la dramatisation. Ainsi, par exemple, le théâtre ou le cinéma sont à ses yeux des moyens parfaits pour se mettre en valeur. Il a besoin des feux de la rampe pour donner la pleine mesure de lui-même. Bien sûr, les planches ne sont que l'objectivation de cette tendance au jeu dramatique. Toutes les circonstances de la vie courante peuvent induire de telles réactions, il suffit qu'il se sente en danger ou simplement mal à l'aise. L'être court alors le risque de se prendre trop au sérieux et de s'identifier à son propre jeu. Depuis le simple bluff jusqu'au drame cornélien toutes les nuances existent. Sa tendance à s'identifier à son pelage le rend très vulnérable à toute critique. Un conseil aux Lions prisonniers de leurs mises en scènes : cultiver la simplicité... et le sens de l'humour !

Au niveau socioculturel l'être est surtout sensible aux impacts du milieu environnant. Il se situe d'emblée au centre de son univers et y répond de son mieux. Ainsi progressivement, à l'aide d'un certain nombre de petites astuces (dramatisation, moi-moïsme, bluff...) il développe une conscience aiguë de sa différence. Ayant ainsi atteint le centre dans la vie sociale, il peut rayonner sans risquer l'exclusion ou, pire encore, l'incognito. Le Lion a besoin de se sentir aimé, entouré, choyé, il ne supporte pas de se sentir laissé pour compte.

Tout en aspirant à cela il tient farouchement à son autonomie, fuit la médiocrité et la facilité au profit d'êtres et/ou d'objets de valeur représentatifs de sa haute image de lui-même. Son attention se tourne alors vers les désirs de sa personnalité, de plus en plus conscient de lui-même et de ses capacités, il a le sentiment d'être voué à un grand destin et que, pour le réaliser, il lui suffit simplement d'être. A présent, la difficulté majeure du Lion est de sortir de lui-même. Aveuglé par sa lumière il lui est difficile d'admettre la relativité de toutes choses, et, en premier lieu, de sa propre existence. Comme jadis à l'étape Cancer le piège du narcissisme menace de se refermer sur l'ego, de façon différente cependant : Le Cancer cherche le regard de l'autre pour se construire. Il attire toute l'attention sur lui car il a besoin de se sentir exister dans la vie de ses compagnons. Il devrait apprendre à vivre pour lui, à devenir sa propre nourrice, pour trouver sa place parmi ses frères. Le Lion a besoin de l'admiration de l'autre car il se sent unique. Il s'aime lui-même beaucoup, il sait donc se mettre en valeur dans le monde et apparaître sous son meilleur jour s'il le juge utile. Imbu de sa propre personne, il devrait laisser rayonner à travers lui la puissance d'amour et de générosité qui emplit son âme... et ne jamais oublier que ce qui fait la beauté du ciel c'est que chaque étoile y a sa place, rien que sa place et toute sa place.

La mort représente à ses yeux la notion la plus angoissante qui soit, si jamais il a l'audace de la regarder clairement . En cela, il se situe aux antipodes du Scorpion fasciné par Thanatos et des Poissons pour qui les rivages de la vie s'étendent bien au-delà des frontières du visible. Afin de conjurer la perte de son moi dans l'inconnu qui s'approche chaque jour davantage le Lion attache son nom à une création afin de se perpétuer à travers les siècles. Que celle-ci s'incarne dans un enfant, une œuvre d'art, un écrit ou une entreprise économique, l'être éprouve l'impérieuse nécessité de créer afin de laisser une marque durable de son passage sur terre. Capable de juger quelque chose ou quelqu'un d'un seul regard, l'être développe un profond sens de l'amitié vis à vis de toute personne qu'il estime digne de lui. Dans le cas contraire son attitude peut-être quelquefois hautaine ou méprisante. Sens de l'honneur, grandeur d'âme, magnanimité, sens de l'observation, sens de l'orientation sur terre comme dans la vie, générosité pour ceux qu'il aime, autodétermination... telle est la grandeur de ce signe. Mais une chose ne peut exister sans son contraire, aussi les pièges sont-ils importants. Si l'être n'apprend pas à donner en toute simplicité il risque de s'étouffer sous le poids de la densité croissante de son pouvoir d'être.

Remarquons encore une fois qu'un signe ne peut être jugé que selon les critères qui sont les siens. L'épreuve du Lion est celle de l'utilisation du pouvoir personnel : va-t-il oser l'utiliser ? Dans quel but ? Saura-t-il en doser la force ? S'il semble facile à une Vierge ou à un Capricorne de ne pas tomber dans la prison du "moi-moïsme" c'est, plutôt qu'un indice de dépassement de soi, qu'ils ne sont pas confrontés aux inergies qui éveillent ces sentiments. Nul ne peut savoir s'il succombera au pouvoir avant d'avoir été mis au défi de l'utiliser.

Au niveau socioculturel, il a fallu faire appel à toutes les ressources du moi fraîchement apparu (Cancer) pour lutter au sein d'un environnement particulier afin de se placer au centre. Si, au niveau individuel, il poursuit sur cette voie, il ne fera qu'un étalage ambitieux d'une puissance égoïste qui désire une position centrale et aspire, en secret, à une reconnaissance universelle. Il peut cependant sacrifier la puissance du moi et développer une sensibilité croissante à l'âme qui l'habite.

Il existe dans le Lion une puissance qui le pousse à se dévouer "Corps et Ame" à un idéal. Dévouement allant quelquefois jusqu'à la dévotion. Cet idéal peut être extérieur (réussite sociale) ou intérieur (code de l'honneur). Dans ce dernier cas, l'être s'engage avec toute la puissance qui le caractérise à sonder les arcanes de son être essentiel par-delà le vernis égotique brillant. Peut-être alors découvrira-t-il la véritable immortalité. L'amour de soi développé en Cancer s'épanouit en un amour rayonnant pour les autres.

Utiliser l'inergie "Lion" de façon consciente revient à développer une attitude individualiste ("je Veux") qui travaille pour l'universalisme... La fonction de cette inergie est de créer des unités autonomes puis de les rassembler en une unité plus grande. Elle véhicule une force d'intégration et de synthèse que la personne individualisée focalise et exprime dans sa vie quotidienne.

Chaque phase Lion (par exemple à chaque fois que la pleine lune brille dans ce signe) est pour nous l'opportunité d'utiliser l'inergie qui s'offre à ce moment là pour faciliter le passage :

 

  • de la conscience collective (Cancer) à la conscience individuelle,
  • de la volonté de dominer les autres à celle de la maîtrise de soi,
  • de la conscience personnelle à la conscience de groupe.


C'est aussi le moment d'amener à achèvement (étape fleur) ses buts personnels et/ou sa vision spirituelle. Le passage d'un niveau de conscience à un autre, au moyen de l'inergie Lion, nécessite inévitablement un sacrifice : sacrifice de la personnalité dominante et sûre d'elle-même au profit d'une volonté supérieure. C'est ce que symbolisent les nombreux mythes relatifs à la bataille de l'être humain avec le Lion de l'ego qui gît en lui (le massacre du Lion de Némée, David qui tue un lion avant de pouvoir affronter Goliath, peut-être aussi le rite massaï de passage à l'âge d'homme qui veut que le guerrier abatte seul un lion avant d'être reconnu comme membre à part entière de l'humanité).

L'attention consciente de la personne se tourne vers les appels de l'âme. Le but à atteindre est ici l'éveil intérieur. De jeu en je, il a incarné maints personnages, tous facettes de lui-même. Arrivé au bout du chemin il découvre son véritable "je". Le pouvoir d'identification octroyé à l'individu par l'inergie Lion le pousse à devenir l'expression de l'Amour rayonnant de l'âme. C'est un Idéaliste dont le seul propulsif est l'Amour divin en lui. Éveillé aux profondeurs lumineuses des mondes intérieurs sa simple présence rend tangible à tous ses compagnons la source de toute vitalité, de tout amour et de toute synthèse.

 

© Luc Bigé